Le yatagan et les couteaux de forme yatagan
19 avril 2024Le yatagan désigne à l’origine la forme d’un sabre utilisé dans l’Empire ottoman. Le yatagan forme une lame recourbée dont le tranchant dessine une courbe rentrante au niveau de la pointe. Le yatagan turc peut atteindre une longueur de 60 cm à 80 cm. Et on y vient, le yatagan turc n’a en réalité… rien à voir avec le couteau de Laguiole ou le couteau basque que l’on connaît. D’après les recherches, le yatagan dériverait de la machaira (aussi écrit makhaira) qui est une arme blanche grecque de forme recourbée et qui désigne un couteau en grec moderne. Ce même terme a donné le mot machette en français.
Le yatagan a été utilisé dans l’empire ottoman du XVIe au XIXe siècle. Au fil de l’Histoire, des invasions et des échanges dans le bassin méditerranéen, le yatagan turc a été utilisé dans tout le pourtour méditerranéen y compris en Algérie, alors occupée par les Ottomans. En 1830, Alger tombe aux mains des Français à la suite d’un incident diplomatique. C’est aussi le début de l’occupation française en Algérie.
Le XIXe siècle est une période marquée par une fascination pour l’Orient, c’est la vague orientaliste, ou orientalisme. On peut se permettre de douter que cet engouement pour l’Orient se soit limité aux seules littérature et peinture. Bien vite, le yatagan est arrivé en France et a intégré son lexique même si c’est à tort, puisque comme évoqué un peu plus haut, le yatagan turc et le yatagan basque n’ont de commun que le nom.
L’homonyme basque du yatagan désigne un couteau utilisé par les planteurs de tabac dans le Bergeracois, région naturelle qui correspond peu ou prou au Périgord pourpre. Mieux encore, on parle de couteau basque pour désigner cette forme de lame alors même qu’elle n’a aucun lien avec le Pays basque et qu’aucun couteau de ce type n’y a jamais été fabriqué. Le yatagan basque correspond en fait à un petit couteau de poche, doté d’une lame d’environ 12 cm, c’est donc un couteau de travailleur.
La forme yatagan popularisée par le couteau de Laguiole correspond en réalité à une ébauche de ce qu’est un yatagan ottoman. Sous les traits du yatagan se dessinent en filigrane les traits du couteau Pradel qui est certainement un des couteaux les plus fabriqués en France. Le Pradel est un couteau très simple. Il possède une lame simple effilée et son manche est marqué par une forte cambrure. Les utilisateurs de ce couteau apprécient les aspérités du manche qui améliorent la prise en main et limitent l’effet de glissement d’un manche lisse. La courbure du manche augmente par ailleurs la prise en main du couteau.
Le couteau alpin est né au début du XXe siècle. Son manche est plat contrairement au couteau de Laguiole. La lame du couteau alpin est dotée d’un talon.
Comment aborder la forme yatagan sans évoquer la plus vieille coutellerie de France : la coutellerie nontronnaise installée à Nontron dans le Périgord.
La forme yatagan continue d’inspirer les coutelleries à l’image de Fontenille-Pataud, Arbalète G. David, Laguiole en Aubrac mais aussi les artisans couteliers à l’image de Robin Forissier et ses couteaux aux lames très effilées :