Les couteaux nordiques, les couteaux venus des confins de l’Europe du Nord
16 avril 2024Les couteaux ont ceci de fascinant qu’ils nous font voyager sans cesse. Les couteaux nordiques, qu’ils soient nommés puukko ou leuku, sont des couteaux traditionnels nordiques et typiques des peuples d’Europe du Nord. Les couteaux nordiques sont à l’image des gens qui les ont façonnés et qui les portent fièrement à leur ceinture : ce sont des outils simples, humbles, efficaces et sans fioriture. Avec leur lame en acier (carbone ou inox selon les modèles) et leur manche en bois ou en corne, les couteaux nordiques ne possèdent pas de garde et sont portés à la ceinture dans une gaine en cuir. Il est d’usage de porter son couteau du côté opposé à sa main forte afin de pouvoir le dégainer avec facilité en tenant la gaine de sa main faible.
Les Nordiques et surtout les Samis utilisent deux types de couteaux : le plus petit est nommé buiku, puukko ou unna niibaš (littéralement ”petit couteau”) et le plus grand type de couteau sami est quant à lui nommé stuorraniibi qui veut dire “grand couteau”. Un type de couteau encore plus grand existe et se voit désigné par le terme väkipuukko, en français on connaît ce couteau sous le nom de scramasaxe, désigné ainsi d’après les Saxons qui l’auraient inventé. Il peut aussi être orthographié sax ou seax. Bien qu’il existe de nombreuses variantes de scramasaxes, ils présentent tous une lame tranchante sur un côté tandis que l’autre côté n’est affûté que sur le dernier tiers.
Le couteau sami (en sami : stuorraniibi= grand couteau, en finnois : lapinleuku ou leuku) est un grand couteau traditionnellement utilisé par le peuple sami, peuple autochtone semi-nomade présent sur les territoires arctiques de la Norvège, de la Suède et de la Finlande ainsi qu’en Carélie dans le nord de la Russie. On désigne souvent cette région nordique par le terme de Laponie sans savoir qu’en réalité ce nom est tiré du mot Lapons qui signifie “les porteurs de haillons” en suédois, pour les désigner de façon péjorative. On préfère désigner ce peuple comme les Samis (ou Sames).
En finnois, le terme puukko désigne à lui seul un “couteau avec un manche en bois”. Le leuku désigne un couteau plus long et surtout destiné à la chasse ou à des travaux forestiers comme la taille des arbres voire l’abattage. Quand on part en expédition, on doit voyager léger. Le leuku se change donc en couteau à tout faire et se substitue souvent à une hache.
Le manche du puukko est en bois, le plus souvent en bois de bouleau ou de frêne et assorti d’un traitement de surface afin de le protéger des dommages causés par le passage du temps et la rudesse de la météo. Quelques artisans fabriquent encore des puukko avec des manches en corne de renne ou en bois de renne mais ceux qui en maîtrisent la technique se font de plus en plus rares.
Le couteau nordique est pourvu d’une lame forte, longue et épaisse destinée à effectuer de petits travaux de coupe comme ébrancher, couper de petits arbres pour ériger des mâts pour les abris, débroussailler, casser des os ou préparer de la viande. Il peut parfois être substitué à une hache pour couper un peu de bois prélevé sur des arbres morts encore debout puis le fendre, ce qui n’est pas une mince affaire quand ce qui reste de bois pouvant servir au chauffage est enseveli sous la neige. Le couteau nordique peut aussi servir au combat. Les couteaux nordiques traditionnels affichent une lame d’une longueur comprise entre 20 cm et 45 cm.
La vie est rude dans les régions polaires et arctiques où il est fréquent que le mercure atteigne les 30°C sous zéro. À une telle température, il est impératif de pouvoir compter sur son matériel et son outillage avec assurance. Le mode de vie des peuples nomades ou semi-nomades d’Europe du Nord nécessite de voyager léger. Le puukko est par conséquent le seul et unique outil dont s’équipent les hommes, et ce couteau leur servira pour tout, et tous les jours. Il est inconcevable pour un Nordique de se promener sans son couteau. Comme dans de nombreuses cultures et civilisations, le couteau fait partie de ces objets qui constituent le passage de l’enfance à l’âge adulte.
En général, le manche est réalisé en bouleau afin d’offrir une meilleure préhension à son utilisateur, en particulier quand il y a de la neige. Le manche en bouleau permet aussi de mieux contrôler la lame, surtout quand on fait autre chose en même temps, ce qui est préférable lorsque l’on manipule son couteau avec des gants ou que l’on a les mains engourdies. La soie traverse le manche du couteau et le couteau ne possède pas de garde. Dans sa version la plus traditionnelle, la gaine du couteau nordique est en cuir de renne.
L’émouture est dite scandinave (ou “scandi”), le couteau nordique affiche un tranchant secondaire parfaitement plat et très net. L’émouture scandi est facile à entretenir même en plein air avec une pierre lors d’un aiguisage à main levée. L’idée reste de pouvoir aiguiser son couteau n’importe où et n’importe quand. C’est donc le type d’outil rêvé pour les activités de plein air comme le bushcraft ou pour être utilisé comme couteau de survie. On retrouve d’ailleurs ce même type d’émouture sur les couteaux suédois Mora.
Dans le cas du couteau nordique, la lame doit être suffisamment forte pour fendre des os de renne et trempée pour supporter des températures extrêmement basses. Certains couteaux nordiques sont munis d’une gouttière. Cette gouttière présente l’avantage d’alléger le couteau en retirant de la matière dans la partie centrale de la lame.