Guillochage & coutellerie
31 mai 2024Définition : échancrures formant des dessins, obtenues par enlèvement de métal (à la lime, au burin, à l’acide) sur différentes pièces du couteau (dos de lame et ressort).
La définition est empruntée à François-Xavier Salle, Des couteaux et des hommes dans son glossaire situé en fin d’ouvrage (p.238)
Le guillochage appartient au monde de la gravure, et consiste à retirer de la matière à une pièce métallique dans le monde du couteau. Le plus souvent, le guillochage se pratique sur le ressort ou à défaut sur le dos de la lame quand celle-ci est dépourvue de ressort.
Le guillochage est une technique ancienne qui remonterait approximativement au XVIe siècle. Il s’agit d’une technique ornementale visant à apporter une valeur esthétique supplémentaire à une pièce de coutellerie, bien que le guillochage soit en réalité utilisé dans d’autres domaines, et notamment en horlogerie à la différence près que le guillochage permette davantage l’identification et l’origine d’une pièce, en particulier lorsqu’il est associé à un poinçon.
Guillocher est un art à part entière réalisé par un artisan très qualifié nommé guillocheur voire maître guillocheur. Armé de sa lime ou de sa machine-outil, le guillocheur doit réaliser des motifs composés de lignes et de courbes à la régularité et à la symétrie impeccables. Le guillochage est une technique qui démontre une habileté particulière lorsque ce dernier est réalisé à la main, en particulier en raison de la régularité de son motif, d’autant plus que le guillochage à la lime est réalisé à main levée !
On ne sait pas exactement identifier à qui l’on doit la pratique du guillochage. Deux hypothèses historiques se confrontent. L’une ferait dériver le mot guillocher de l’italien de la Renaissance (Cinquecento italien, c’est-à-dire le XVIe pour nous autres francophones) et des mots goccia et ghiocciare (goutte/goutter) tous deux issus du lexique de l’architecture. Le verbe ghiocciare a donc été assimilé en français sous la forme guillocher si l’on suit cette hypothèse.
La deuxième hypothèse plus proche de nous, aussi bien d’un point de vue chronologique que géographique, ferait dater le guillochage du XVIIIe et l’attribuerait à un ouvrier du nom de Guillot qui aurait développé une machine-outil permettant de réaliser le guillochage en actionnant une pédale, un peu à la manière des meules de rémouleurs. À l’origine, on précisera une fois encore que le guillochage, et de fait cette machine, étaient destinés à l’ornementation des montres.
Outre la technicité pure qu’implique le guillochage, cette technique ancienne démontre également toute l’inventivité et la créativité des couteliers qui s’y adonnent. Chaque artisan coutelier possède sa patte coutelière, un motif qui lui est propre ou au contraire prend plaisir à en inventer de nouveaux à chaque création. Une chose est sûre pourtant, c’est que le guillochage, quelle que soit son origine, démontre une envie de se démarquer de la part des artisans et de produire des couteaux au style unique et inimitable. L’apprentissage du guillochage est long et fastidieux. Seule la pratique permet d’en maîtriser toutes les subtilités. On conclura avec peu d’originalité que c’est en forgeant que l’on devient forgeron.