Masahiro et l’acier MBS26

Masahiro et l’acier MBS26

3 mai 2024 Non Par Couteau Magazine

Le fabricant japonais Masahiro a mis au point son propre acier : le MBS26. Il s’agit d’un acier inox doté d’une forte teneur en carbone et malgré tout très résistant à la corrosion. Les performances de coupe du MBS26 sont excellentes grâce à sa souplesse et son endurance et dont la dureté est comprise entre 58 et 60 HRC.

Masahiro, coutelier en quête d’innovation

Comme de nombreux couteliers et fabricants d’objets tranchants japonais, Masahiro est basé à Seki City dans la préfecture de Gifu, bassin coutelier très réputé où se trouvent des entreprises telles que Kai, Suncraft, Kasumi ou encore Mcusta. L’émulation qui règne à Seki permet de maintenir un très haut niveau d’exigence, chaque fabricant essayant de faire mieux que son voisin. Les innovations techniques fleurissent à Seki depuis des siècles et l’accroissement des taux de carbone dans les aciers lors des dernières décennies permet d’obtenir des niveaux de dureté de plus en plus élevés (autour de 1 % de nos jours). Ce qui est aujourd’hui devenu la norme était une véritable prouesse au début des années 1990.

Les lames Masahiro sont à la fois dures et flexibles ; Masahiro mise absolument tout sur le tranchant grâce à des aciers fortement carburés et des angles d’aiguisage plus aigus que sur les tranchants japonais (entre 10 et 12°) pourtant déjà réputés très fins, avec une moyenne de 15° habituellement.

Couteau filet de sole 16 cm Masahiro, véritable objet de fierté pour le fabricant japonais, la lame filet de sole est d’une très grande souplesse en dépit de son taux de carbone très élevé.
Une référence dans le monde de la coutellerie.

Les couteaux Masahiro sont très appréciés des professionnels de la cuisine et notamment des cuisiniers préparant principalement de la viande.

Couteau de chef 18 cm Masahiro – avec son bec de corbin et son manche riveté, ce couteau séduit le public européen depuis le milieu des années 1990.

Qu’est-ce que l’acier MBS26 ?

L’acier MBS26 est fabriqué selon un procédé particulier : la trempe sous zéro encore appelée trempe cryogénique. Ce procédé technique a été développé pour les besoins spécifiques du coutelier japonais Masahiro. La trempe sous zéro consiste en l’utilisation d’un liquide refroidit à une température inférieure à zéro degré (Celsius) afin de refroidir l’acier après la chauffe.

Point technique sur la trempe : pour obtenir de l’acier trempé, on le plonge dans un liquide froid afin de conserver les modifications apportées à la structure moléculaire lors de la chauffe de l’acier. L’idée est donc d’augmenter la dureté de l’acier tout en préservant les nouvelles propriétés physico-chimiques de l’acier à température ambiante, c’est-à-dire après la trempe et dans des conditions normales d’utilisation.

Le problème principal quand on travaille l’acier, c’est de parvenir à maintenir les molécules de carbone à l’intérieur de la matrice, or le fait de chauffer l’acier puis de le refroidir peut avoir tendance à disséminer le carbone, entre autres molécules. C’est là toute la beauté de ce procédé. La trempe sous zéro permet précisément de maintenir les molécules de carbone à l’intérieur de l’acier en cristallisant le carbure sous l’effet du froid, l’objectif étant d’obtenir un acier à la fois dur, riche en carbone et très résistant à la corrosion dans le même temps.

Le santoku japonais dans un format 17,5 cm, le couteau polyvalent par excellence.

Au bout du compte, l’acier MBS26 affiche une puissance de coupe qui fait toute la renommée des aciers japonais. C’est aussi un acier facile à ré-aiguiser.

À travers cet article, on souhaite surtout mettre en avant l’esprit innovant et la très grande technicité des aciers japonais. Le Japon est un pays pétri de tradition qui ne renonce pourtant jamais à l’innovation. Masahiro réussit la prouesse de proposer un acier inox avec un taux de carbone très élevé et une résistance exceptionnelle à la corrosion. Le MBS26 profite d’une qualité de coupe excellente grâce à la trempe sous zéro, saisissant exemple du mélange de tradition et d’innovation des couteliers japonais.

Le profil et le style de ces couteaux ne sont pas sans rappeler les excellents couteaux japonais Misono, en particulier la gamme UX10 présentés dans notre article sur le fabricant japonais Misono et réalisés selon le même procédé de trempe cryogénique.

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